Voici quelques brèves réflexions sur la courte vie de Roger T. Pédauque :
1) Au départ, l’objectif d’une signature sous un pseudonyme collectif était double. D’une part atténuer la personnalisation et les jeux de rôles très vifs dans le monde scientifique, y compris et peut être surtout dans les débats publics et souvent focalisés sur la signature. D’autre part incarner une communauté de réflexion sur le document numérique qui n’existait pas encore et donc était à construire dans une perspective interdisciplinaire où la mise en avant de l’un ou de l’autre pouvait être perçue comme la volonté de privilégier sa discipline ou son école.
A cela s’ajoutait un clin d’oeil ludique et une référence prestigieuse (Bourbaki).
Sur cette base, il s’agissait de réunir en un texte de synthèse l’ensemble des contributions sur la notion de document qui avaient été suscitées dans l’animation du RTP-DOC.
Ces objectifs ont, me semble-t-il, été très largement atteints. Un grand nombre de chercheurs (plus de 60) ont participé au processus. Si j’ai assumé seul la synthèse, elle a été révisée par l’ensemble de la communauté. Le texte présente un honnête tour d’horizon des recherches et interrogations, mais surtout a conduit à un balisage en trois entrées qui s’est révélé d’une grande fécondité.
2) Le succès rencontré, mesuré aux téléchargements, aux citations.. et à l’utilisation courante d’expressions comme « comme le dit Roger.. » ou d’adjectifs tels que « pédauquien », a conduit à préciser la procédure de rédaction collective, qui s’appuie sur un petit groupe de rédacteurs principaux à géométrie variable suivant le thème abordé, un forum ouvert de scientifiques.
Plusieurs versions successives d’un même texte sont soumises à la critique. Mais on est loin d’une procédure d’écriture collective, type Wiki. Je pense qu’il faudrait plutôt parler d’une réflexion collective dont la synthèse est assumée par un groupe à la connivence suffisante pour construire du sens. Ainsi, le second texte a pris une autre dimension et propose clairement des orientations scientifiques. On peut remarquer que les noms des différents contributeurs sont signalés.
Dès lors, nous avons peut-être dépassé, sans le savoir, la construction d’une communauté de recherche sur un même objet « le document numérique » pour nous rapprocher de celle d’une école de pensée interdisciplinaire.
3) Nous allons entrer bientôt dans la discussion sur le troisième texte. Il est prévu qu’il soit le dernier et que nous mettions Roger à la retraite cet automne. Déjà l’ensemble du travail réalisé, qui a été largement alimenté par les différents groupes de travail du RTP-DOC, nous conduit à viser une théorie et une méthodologie pour comprendre et maîtriser les phénomènes autour du document numérique.
Et, à côté des apports sur le contenu, je crois que la méthode a aussi montré l’intérêt, y compris dans le champ scientifique, du travail dans un environnement ouvert. Aussi dans les réflexions que nous menons sur l’évolution internationale du RTP-DOC, cette dimension est centrale.
JMS
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